Chapitre 1 LA FÊTE DE L'AMOUR Roland !... Léonore !... Venise, en cette féerique soirée du 5 juin de l'an 1509, acclame ces deux noms tant aimés. Ces deux noms, Venise enfiévrée les exalte comme des symboles de liberté. Venise attendrie les bénit comme des talismans d'amour. Sur la place Saint-Marc, entre les mâts qui portent l'illustre fanion de la république, tourbillonnent lentement les jeunes filles aux éclatants costumes, les barcarols, les marins - tout le peuple, tout ce qui vibre, tout ce qui souffre, tout ce qui aime. Et il y a un défi suprême dans cette allégresse énorme qui vient battre de ses vivats le palais ducal silencieux, menaçant et sombre... Là-haut, sur une sorte de terrasse, au sommet du vieux palais, deux ombres se penchent sur cette fête - deux hommes dardent sur toute cette joie l'effroyable regard de leur haine. Venise laisse monter le souffle ardent de ses couples enlacés qui, parmi des bénédictions naïves et des souhaits d'éternelle félicité, répètent les noms de Léonore et de Roland. Car demain on célébrera les fiançailles des deux amants. Roland !... le fils du doge Candiano, l'espoir des opprimés !... Roland... celui qui, dit-on, a fait trembler plus d'une fois l'assemblée des despotes, le terrible Conseil des Dix, et lui a arraché plus d'une victime !... Léonore !... L'orgueil de Venise pour sa beauté - l'héritière de la fameuse maison des Dandolo, toute-puissante encore malgré sa ruine... Léonore, qui aime tant son Roland qu'un jour, à un peintre célèbre qui la suppliait à genoux de se laisser peindre, elle a répondu que seul son amant la posséderait en corps et en image !... Et Venise terrorisée par le Conseil des Dix, célèbre comme le commencement de sa délivrance les fiançailles du fils du doge et de la fille des Dandolo.Michel Zévaco, né à Ajaccio le 1er février 1860 et mort à Eaubonne (Seine-et-Oise) le 8 août 1918, est un journaliste anarchiste et écrivain français, auteur de romans populaires, notamment de la série de cape et d'épée Les Pardaillan. C'est l'oncle du peintre Xavier Zevaco.1886-1900 : le journaliste engagéAttiré par les lettres et la politique, Michel Zévaco devient journaliste, puis secrétaire de rédaction à L'Egalité que dirige alors le socialiste révolutionnaire Jules Roques. Il se présente sans succès aux élections législatives de 1889 pour la Ligue socialiste de Roques. À cette époque, il rencontre Louise Michel, Aristide Bruant, Séverine, Sébastien Faure, Émile Pouget, Charles Malato, Emmanuel Chauvière, etc.En raison de la virulence de ses propos, en pleine période d'attentats anarchistes, Michel Zévaco est condamné à plusieurs séjours à la prison Sainte-Pélagie. Par exemple, en 1890, il est arrêté en avril pour « provocation au meurtre » en raison d'un éditorial visant le ministre de l'Intérieur Ernest Constans, et condamné à quatre mois de prison. Libéré fin août, il est à nouveau arrêté, toujours pour « provocation au meurtre », à la suite d'un éditorial de L'Égalité où il incitait les soldats à faire justice eux-mêmes auprès de leurs officiers. Il est également condamné le 6 octobre 1892 par la cour d'assise de la Seine pour avoir déclaré dans une réunion publique à Paris : « Les bourgeois nous tuent par la faim ; volons, tuons, dynamitons, tous les moyens sont bons pour nous débarrasser de cette pourriture».Durant ses séjours en prison, il se liera d'amitié avec le marquis de Morès, dont il partagera rapidement les opinions antisémites. Pourtant, en 1898, lors de l'affaire Dreyfus, alors que Bernard Lazare remet en cause la culpabilité du condamné, Zévaco s'engage dans la cause dreyfusarde, dénonçant dans l'une de ses dernières publications politiques « le complot des jésuites » contre Dreyfus et les juifs.
- | Author: Michel Zevaco, G-Ph Ballin
- | Publisher: CreateSpace Independent Publishing Platform
- | Publication Date: Feb 04, 2016
- | Number of Pages: 488 pages
- | Language: French
- | Binding: Paperback
- | ISBN-10: 1523874872
- | ISBN-13: 9781523874873